• Haruki MURAKAMI, Après le tremblement de terre - suite

     

    Assez rares sont finalement les auteurs capables de convaincre dans les deux genres, ce qui ne veut nullement dire qu’il n’y ait pas d’exceptions célèbres, d’hybridations réussies, de métissages possibles. Ah ! le bonheur de fabriquer des classements et d’aussitôt les détruire !...

    Haruki Murakami, déjà souvent blablacélébré dans cette blablachronique  fait partie, glorieusement de ces exceptions qui illustrent superbement la règle. Avec Après le tremblement de terre, l’essentiel est dans Après, et c’est successivement pour chacune des six histoires qu’on va déplier le comment de l’avant de cet après. La ruse de Murakami c’est d’avoir donné une clef unique aux six récits dont les serrures ne s’ouvrent pas séparément : c’est comme un coffre dont la combinaison repose sur six molettes qu’il suffit de tourner chacune de quelques centimètres pour délivrer le trésor du sens : aucun des personnages de ces jolis petits contes n’est directement ni indirectement impliqué dans le tremblement de terre de Kobé : c’est une anti-fresque documentaire.

    Cependant, le séisme de cette ville a été à sa façon pour chacun d’entre eux, l’épicentre d’un bouleversement de sa vie, un micro bouleversement, un rien qui a tout décidé. A l’inverse du battement d’aile de papillon qui, dit-on, peut déclencher une catastrophe cosmique à l’autre bout du monde, ici c’est une vraie catastrophe dont on ignore les effets réels mais qui va provoquer une secousse invisible dans les souvenirs, dans les rêves, dans l’existence obscure de personnages éloignés du drame.

    Il faut cent cinquante pages à peine pour expliquer et comprendre le titre du recueil. C’est un sprint en marche arrière.


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