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Lecture de Haruki MURAKAMI, Après le tremblement de terre
Traduit du japonais par Corinne Atlan
10/18 n° 3379, 2002
Comme le découvre un personnage de la dernière des six nouvelles que compte le recueil Après le tremblement de terre, l’art de la nouvelle n’a rien à voir avec celui du roman, et la différence ne tient pas seulement au nombre de pages : c’est toute la machine narrative qui tourne sur un autre régime, l’économie du récit qui obéit à d’autres règles.
Le roman marche en avant, il progresse pour ainsi dire verticalement, selon une logique arborescente et ramifiée, il sécrète une complexité spéciale pour mieux jubiler ensuite de la solution plus ou moins inédite qu’il lui administre. La nouvelle ne fonctionne pas du tout, elle, sur le même modèle : dès la première phrase l’affaire est conclue, l’intrigue soldée. Le temps de la nouvelle n’est pas ouvert sur un infini de possibles entre lesquels le génie du narrateur pilote le lecteur. Dans la nouvelle, le destin est toujours accompli au moment où commence l’histoire, le sort plié, et l’enjeu devient alors, justement, de revenir en arrière, de déplier la logique de l’enchaînement qui a produit ce résultat.
Comment on en est arrivé là ? Telle est la question qui reste posée. S’il faut en général assez longtemps au roman pour nous livrer le pourquoi du comment, la nouvelle, elle, n’a besoin que de quelques pages pour déplier le comment du pourquoi… A peu près le temps que met un boomerang bien lancé à vous revenir dans la figure…
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